Résumé d'études cliniques
Gestion du Cholestérol chez les DT2
Fibrates et diabète : aïe aïe aïe
Essai avec un fibrate - essai FIELD
Statines et diabète : c'est pire
"Atorvastatin reduced the rate of all cardiac events combined but not all cerebrovascular events combined or total mortality.
Que faire ? En parler avec son médecin
Compléments
Je mets à jour les données précédentes avec un essai, publié en 2002, que j'avais oublié de commenter. L'étude "Prosper" = Pravastatin in elderly individuals at risk of vascular disease (Pravastatine chez les personnes âgées à risque de maladie vasculaire). Les commentaires de cet essai ont été très louangeurs en général. Pour les résultats donnés dans le résumé de l'étude, et pour la statine utilisée, parfois jugée plus sûre que d'autres.
Pourtant, en regardant dans le détail, les commentaires louangeurs sont plus qu'étonnant. Si vous préférez les commentaires d'un cardiologue - professionnel des essais cliniques, cet essai est commenté danns le détail par le Dr de Lorgeril dans son livre "Dites à votre médecin que le cholestérol est innocent".
L'étude Prosper est accessible ici : http://image.thelancet.com/extras/02art8325web.pdf
Cet essai a été réalisé pour des patients irlandais, écossais, et néerlandais. Donc avec des profils de risque cardiovasculaires assez différents du risque français. Même un résultat positif devrait inciter à la pudence, pour répercuter ces traitements en France. Mais malgré les commentaires qui ont accompagné cette étude, les résultats sont loin d'être positifs?
Le résumé de ce type de publication est très important, c'est souvent la seule chose qui est lue par beaucoup de médecins, faute de temps, avec un regard rapide pour quelques tableaux dans le corps du texte.
Dans le résumé de Prosper, les auteurs disent que, parmi les 5804 individus de 70 à 82 ans suivis pendant 3 ans, ceux qui ont eu le traitement ont vu :
- le cholestérol diminuer de 34 % ; le nombre d'évènements cardiovasculaires mortels ou non, nettement diminuer ; pas de différence pour les AVC ; plus de cancers dans le groupe traité. Mais que, en comparant avec d'autres études avec statines, où le cancer n'était pas augmenté, ce résultat pouvait être lié au hasard.
D'entrée de jeu, ce résumé interpelle : le nombre d'évènements cardiovasculaires total n'y est pas distingué entre évènements mortels ou non, et le nombre de cancers a augmenté chez ces patients âgés. Mais les auteurs ont comparé leur propre étude, faite chez des patients âgés, et d'autres études dans des populations beaucoup moins âgées. Cette approche ne paraît pas du tout scientifique ni crédible (comparaison a posteriori entre groupes très différents). Pour les liens cancers & anticholestérols : Cancer du sein. Enfin, l'effet chez les diabétiques n'est pas détaillé dans ce résumé (voir plus loin).
Il vaut mieux regarder les résultats détaillés. Dans le groupe placebo, 2913 personnes, 2891 dans le groupe statines. Chez ces personnes âgées, le critère principal (pas pris comme crière principal dans l'étude), pour les patients ou leur médecin, avec un médicament qui diminue autant le cholestérol, est la mortalité. En trois ans 306 décès sur 2913 personnes dans le groupe placebo, et 298 décès sur 2891 personnes dans le groupe traité. C'est à dire aucune différence. Les commentaires positifs des auteurs, la bonne réputation de cette statine, sont étonnants au regard de ces chiffres.
En lisant en détail les commentaires dans le texte : pas de bénéfice pour les fumeurs, ni pour les hypertendus. pas suffisamment de diabétiques pour estimer l'effet du traitement. Les données sur le diabète (a priori de type 2), sont limitées : dans le groupe placebo, au début de l'étude, 320 diabétiques identifiés, et 303 dans le groupe statine. A l'issue de l'étude, 59 évènements (non détaillés) liés au diabète dans le groupe placebo, et 70 dans le groupe statine. Sur seulement 3 ans, la différence (11 personnes) est très faible, mais montre tout de même une tendance a minima non protectrice pour le diabète. Le tabac, l'hypertension, le diabète sont pourtant des critères très fréquents qui décident le médecin à prescrire des statines. Sur la base de cet essai, et malgré un résumé général très louangeur, les diabétiques, ou les fumeurs, ou les hypertendus de plus de 70 ans ne gagnent rien à être traités par pravastatine. Et d'ailleurs, au vu des critères de mortalité totale, aucun individu de plus de 70 ans ne gagne quoique ce soit avec ce traitement. Les statines ayant toutes le même effet, diminution du cholestérol dans des proportions variables, cet essai indique que traiter par statines des personnes de plus de 70 ans ne sert à rien.
Pourtant, les commentaires sont très positifs, surtout sur les évènements cardiovasculaires. Etonnant, parce que sur le seul critère de la mortalité, les différences sont positives, mais faibles (tableau 2). Les morts par maladies cardiovasculaires, avc (stroke), ou autres causes vasculaires sont de 293 dans le groupe placebo, et 251 dans le groupe traité. ce chiffre de 42 décès supplémentaires dans le groupe placebo est en effet intéressant. Les autres causes de décès expliquent le peu de différence de mortalité totale : mortalité non vasculaire (cause non précisée) : 149 dans le groupe placebo, 163 dans le groupe statine. Mortalité par cancer : 91 dans le groupe placebo, 115 dans le groupe statine.
Cette différence, de 24 décès par cancer, paraît faible, mais est très importante : elle montre, en seulement 3 ans, une aggravation probable de la mortalité par cancer.
Dans le tableau 4 de l'article, sont distingués les ouveaux diagnostics pour les cancers du sein (breast), les cancers gastrointestinaux, les cancers du rein ou du système urogénital, les cancers du système respiratoire, et les autres cancers, non détaillés. Cette façon de faire est utile, quoiqu'en terme de présentation et de lecture, dilue le nombre de cancers, et rend le nombre de cancers supplémentaires liés aux statines preque insignifiant. Les cancers de la sphère gastro-intestinale (+ 20 cancers en 3 ans et qulelques mois) sont les plus aggravés par ce traitement par statines chez ces personnes âgées. En totalité, 46 cancers supplémentaires se sont déclarés sur la durée de l'étude. C'est un chifre qui devient significatif. A rapprocher de la mortalité par cancer citée plus haut. On peut retenir qu'en seulement 3 ans et 2 mois, 46 cancers supplémentaires ont été diagnostiqués chez ces personnes âgées traitées par statines, et 24 décès supplémentaires par cancer, sur un peu moins de 3000 personnes, ont été recensés.
Cet effet annule totalement la baisse de mortalité par maladie cardio-vasculaire. Ces chiffres de décès sont bons, mais leur cause aurait dû être vérifiée. En effet, il y a plus de mortalité "non vasculaire" dans le groupe statine. Toujours dans le groupe statine, la mortalité cardio-vasculaire au regard des évènements cardiovasculaires (maladie des artères coronaires : coronary heart disease dans le tableau) est de 122/356 = 34 % dans le groupe placebo, et de 94/292 = 32 % dans le groupe statines. Hors, la mortalité cardiaque dans la population en général est de l'ordre de 50 % (en moyenne, un patient sur deux survit à un infarctus, et parmi ceux qui décèdent, la très grande majorité décèdent d'ailleurs en raison de mécanismes qui n'ont strictement rien à voir avec le cholestérol). Ca veut dire que les critères d'attribution des décès, entre les différentes causes possibles, sont suspects dans cette étude. Si le bénéfice en terme de mortalité totale est nul, le bénéfice en terme de mortalité cardio vasculaire est à prendre avec des pincettes, cela ne correspond pas à la réalité d'ailleurs observée dans les mêmes pays : taux de mortalité par infarctus = 48 % dans l'étude Monica réalisée en Ecosse (Monica.
Note : le Dr de Lorgeril commente de façon beaucoup plus détaillée cet essai dasn son ouvrage cité plus haut. Avec un calcul plus fin, il n'obtient pas tout à fait les mêmes chiffres qu'ici pour les pourcentages de mortalité par infarctus, mais les ordres de grandeurs sont sensiblement les mêmes.
En résumé, dans cet essai de seulement 3 ans et deux mois chez des personnes âgées, aucun bénéfice n'a été montré sur la mortalité totale, les bénéfices uniquement cardiovasculaires sont obtenus à partir de chiffres ... étonnant ne correspondant pas à la réalité décrite par ailleurs, les cancers sont aggravés, il n'y a strictement aucun bénéfice, voire une légère aggravation pour les diabétiques.
En conséquence de cette étude, si vous ou un de vos proches avez plus de 70 ans et êtes traités par statines, allez vite revoir votre émdecin pour discuter de ce traitement.
En conséquence de toutes ces études, si quelque soit votre âge, vous êtes diabétiques, ou avez ce que les médecins appellent un sydrome métabolique (avec pré-diabète), et êtes traités avec un des anti-cholestérol existant, allez vite voir votre médecin pour discuter de ce traitement. ces traitements n'apportent rien aux diabétiques, et laissent voir des effets secondaires très inquiétants.
Commentaires (1)

- 1. | 30/10/2015
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Date de dernière mise à jour : 14/05/2015
Merci pour les infos, j'ai mis un lien sur mon blog.